Compte-rendu de la réunion de la SFHMSV du 13 mai 2017

Devant un public malheureusement assez clairsemé, l’après-midi a débuté dans le grand amphithéâtre d’Alfort par quatre communications :

– Nicolas Baron, du Laboratoire de Recherches Historiques Rhones-Alpes : « La rage de Monsieur Chéri-Montigny et de son chien. »

A partir d’un fait divers ayant fait la une des journaux à l’été 1878 (le décès d’un jeune bourgeois célèbre mordu par son chien enragé), Nicolas Baron raconte l’omniprésence de la rage dans la vie quotidienne de l’époque. Il détaille les mesures de lutte mises en place et leurs conséquences sociétales.

En 1878, le port de la muselière ne faisait pas l’unanimité chez les amis des chiens, ainsi qu’en témoigne l’humoriste Cham avec son « Moyen de se préserver de la morsure des chiens sans leur imposer le supplice de la muselière » (1880).

– Hugues Plaideux : « Jean-Paul Marat vétérinaire : histoire d’une légende. »

Chacun connaît la fin du Conventionnel Jean-Paul Marat, poignardé dans sa baignoire. Médecin autodidacte à ses débuts, il aurait exercé à Londres puis à Newcastle en 1770, non sans élargir son activité aux animaux, devenant ainsi vétérinaire. Affirmation gratuite !

Se fondant sur des documents d’époque, Hugues Plaideux remonte aux sources du malentendu responsable de cette idée fausse.

Marat aurait-il pratiqué la médecine vétérinaire ?
Jacques-Louis David, La mort de Marat, 1793 (Musée du Louvre).

– Delphine Berdah, docteur en histoire des sciences, maître de conférences à l’Université Paris-Sud : « La tuberculose est-elle “une dans les deux médecines”? La trajectoire du vaccin BCG en France, 1900-1954. »

Cette présentation évoque un siècle de lutte contre la tuberculose humaine et bovine, notamment l’utilisation initiale du BCG (bacille bovin bilié du médecin Calmette et du vétérinaire Guérin). Ce vaccin, conçu en 1921 pour immuniser les bovins avant d’être réservé à l’Homme, représenterait-il, en nos temps de recrudescence de la maladie, une alternative à la police sanitaire traditionnelle et aux abattages préventifs décriés par l’opinion publique ?

Delphine Berdah insiste sur les enjeux matériels, économiques mais aussi politiques et sociétaux qui influencent la gestion de cette zoonose. La compassion animale inciterait donc au retour du BCG chez l’animal, éventualité contre laquelle des objections s’élèvent dans l’assemblée.

Christophe Degueurce :  « Une brève histoire de l’anatomie vétérinaire en France, pour comprendre comment le passé conditionne le présent. »

L’intervenant, qui enseignait lui-même cette matière jusqu’à sa récente nomination à la direction d’Alfort, retrace, depuis le XVIIIe siècle, l’évolution des chaires d’anatomie dans les écoles vétérinaires françaises.

La tradition, illustrée par Bourgelat, Jean Girard, Rigot et Lavocat, et surtout Chauveau, voulait qu’on envisage la structure du corps par systèmes, en commençant par l’ostéologie pour finir par les nerfs. Sensible au développement de la pratique chirurgicale, les Toulousains Paul-Lucien Montané et Édouard Bourdelle, suivis de Clément Bressou, optèrent en 1913 pour l’anatomie par régions. On sait que cette méthode d’enseignement ne persiste qu’à Alfort, les autres écoles se situant dans le sillage de la magistrale Anatomie comparée des Mammifères domestiques (1966-2010) de Robert Barone, référence de l’anatomie systématique et de la nomenclature actuelle. D’où, parmi nos anatomistes, un consensus difficile, sinon irréductible… dans la plus grande cordialité.

Paul-Lucien Montané et Édouard Bourdelle (au fond) dans l’amphithéâtre
d’anatomie de l’École vétérinaire de Toulouse, vers 1900.
Ils ont introduit l’anatomie régionale dans l’enseignement vétérinaire français.

A suivi l’assemblée générale annuelle de la Société :

Les rapports financier du trésorier et moral du président ont été adoptés à l’unanimité.

L’année 2016 aura été marquée par les nombreuses manifestations pour la commémoration des 250 ans de l’EnVA. La Société, en la personne de son président, Christophe Degueurce, a également participé au congrès de la World Association for the History of Veterinary Medecine (WAHVM), à Vienne en juillet.

Enfin, l’après-midi s’est terminée par l’élection d’un nouveau bureau à la tête de la SFHMSV :

Que les membres sortant soient ici chaleureusement remerciés : Christophe Degueurce, président passionné et infatigable diffuseur de savoir; François Vallat, vice-président et dévoué rédacteur en chef de notre bulletin; Bernard Clerc, secrétaire, qui nous a malheureusement quitté en cours d’exercice, Hugues Plaideux, secrétaire adjoint; Emmanuel Dumas, trésorier consciencieux, ainsi que son adjoint Hervé Bazin.

Le nouveau bureau, élu à l’unanimité se présente comme suit :

Président : Emmanuel Dumas

Vice-président : Christophe Degueurce

Trésorier : Didier Boussarie

Secrétaire : Christel Berghe

Secrétaire-adjoint  et rédacteur en chef du Bulletin : François Vallat